dimanche 30 janvier 2011

Namibie - Paysages du Damaraland



Dans un pays qui a une densité de population de 2,5 hab au km2, ce ne sont pas les grands espaces qui manquent. Il ne faut pas avoir peur de faire de longues étapes, heureusement les pistes sont bonnes. Les panoramas sont géants et il faut tricher pour les avoir sur une seule photo. Les canyons sont impressionnants et on suppose qu'il y a dû y avoir de grandes rivières. Bizarrement, l'érosion a laissé au milieu une roche impressionnante, verticale, Vingerklip. On suppose qu'elle devait être plus dure, peut-être une roche de lave. C'est un peu le symbole du Damaraland.

 

Nous avons eu de la chance, il avait plu 2 semaines avant notre passage. Et il a suffit de 100 mm pour que toute la nature reverdisse. C'était un bon score, car ici aussi, c'est une année pluvieuse. Mais tout est relatif : il n'y a que 2 rivières qui sont alimentées toute l'année. Toutes les autres sont sèches et ne se remplissent qu'après la pluie. Il y en a une qui a enfin rejoint la mer, ce n'était pas arrivé depuis 7 ans ! La plupart du temps l'eau s'évapore ou pénètre dans le sol bien avant d'atteindre l'Atlantique. Et les dunes du Namib ont coupé la route aux cours d'eau. Certaines font 350 m de haut, et le sable qui les forme vient de la mer.



Pour implanter les lodges, ils ne choississent pas les environnements les plus moches ! Premier critère, le point de vue, "amazing scenary". Le deuxième critère, l'eau. Il ne faut pas trop compter sur les sources et les rivières. En général, il faut plutôt miser sur des forages, jusqu'à 70m de profondeur, et il en faut plus d'un pour faire face aux besoins en eau. Il faut alors des pompes et donc des groupes électrogènes pour remonter l'eau jusqu'aux réservoirs. Il y a d'ailleurs dans le coin un lodge flambant neuf et définitivement fermé, faute d'eau. Bref, seul le ron-ron des groupes vient troubler le calme absolu car il faut bien parcourir 50 km pour atteindre la "ville" la plus proche. Et en chemin, on croise en moyenne 1 voiture par heure. Notre guide nous a fait remarquer qu'il y avait beaucoup de circulation quand il nous a guidé vers le village Himba. On a croisé au moins 5 voitures en 2 heures... Au lodge, ils augmentent petit à petit les surfaces de panneaux solaires. Ils couvriront bientôt 90 % de leur énergie sans les groupes. Autant de bruit en moins, et de ravitaillements en gasoil. Il ne reste plus qu'à gérer les livraisons de produits frais. On mange beaucoup de viande dans ces lodges, plus facile à approvisionner que les fruits et légumes.



Pour soutenir l'activité agricole, l'état subventionne l'installation de grosses citernes d'eau et de pompes manuelles pour permettre aux éleveurs d'y conduire leurs troupeaux pour les abreuver (vaches, chèvres). Côté cultures, il n'y a pas grand chose, c'est plutôt l'élevage qui fait vivre les fermes. Pas d'industrie non plus, bref pas beaucoup d'empreinte sur l'environnement naturel, pour le plus grand plaisir des touristes.

   

Les habitants du Damaraland sont répartis en plusieurs tribus qui ont chacune leur identité bien spécifique. Ca se traduit par mode de vie, langue, habitudes vestimentaires. La plupart travaille dans l'agriculture ou dans le tourisme. Parmi les signes distinctifs, il y en a qui ont assimilé l'influence coloniale, et d'autres ont conservé leur mode de vie traditionnel. La cohabitation est plus ou moins facile, et de nombreux conflits les ont opposé, notamment pour l'accès à la terre. Parmi les richesses de leur culture, il y a notamment la connaissance de la nature, de la médecine naturelle et les vertus des plantes. Certaines sont antiseptiques, parfumées et parfaites pour l'hygiène corporelle, d'autres sont mortelles et plutôt utilisées pour imprégner les flêches pour la chasse.



Au Nord, il y a d'immenses étendues de sel, des pans, qui témoignent de l'emplacement de lacs salés, alimentés par le fleuve Kunene, qui a décidé de passer par ailleurs. Vu du ciel, ces très larges surfaces sont très impressionnantes. Au sol, c'est un peu monotone pour ceux qui aiment les collines et montagnes. Simplement c'est autour de ces pans que les animaux sauvages d'Afrique affluent et Etosha a l'avantage de regorger de troupeaux en tout genre, et l'inconvénient de présenter un paysage un peu aride et peu varié.



En redescendant vers Windhoek, il y a un plateau (Waterberg) qui surplombe la plaine à une altitude de près de 1000 m, un paradis pour les randonneurs. On espérait trouver un peu de fraîcheur, il fait tout de même 39° à l'heure du pique-nique.

samedi 22 janvier 2011

Cape Town - L'endroit, l'envers

Cape Town est une très jolie ville, blottie au pied de ses montagnes, baignée de soleil et par l'océan. Architecture soignée, parcs arborés, centres commerciaux modernes et accueillants, orchestres de rue, et la campagne à 2 pas (jardin botanique de Kirstenbosch, Cape Point et le cap de Bonne Espérance, les manchots à Simon's Town, les dauphins et les baleines dans False Bay, les vignes du domaine de Constantia).

De Cape Town Emma
   

Mais voilà, son climat est méditerranéen, ainsi les montagnes sont exposées aux incendies de forêt. Elles sont couvertes de jolis pins parasol et à Noël, l'été est très sec.
Nous mangions dans un restaurant malais, sur les flancs de la colline de Signal Hill, quand soudain, derrière la maison juste en face, le feu s'est déclaré. Personne ne s'inquiétait, nous avons demandé pourquoi aux serveuses du restaurant et elles nous ont répondu que cela arrivait souvent. Mais très vite, une épaisse fumée recouvrait toute la colline et cela, ça ne devait pas être si fréquent. Une ronde d'hélicoptères s'échinait à asperger le feu. Notre hôtel au pied de la colline était vite recouvert de petite particules de cendre !

             

Castle, le château de Cape Town est une forteresse construite au XVIIe siècle du temps de la colonie hollandaise mais qui n'a jamais vraiment servi. De caserne, il est devenu pour certaines parties musée militaire et centre d'exposition sur le carnaval très coloré de Cape Town. Derrière le château domine Lion's Head, qui est un lieu de balade très agréable : de son sommet nous admirons la ville du Cap, la plage de Camp's bay, le port, Signal Hill, les villas et leur piscine, les 12 apôtres, cette enfilade de collines bordant la mer, Table Montain, qui a souvent la tête dans les nuages.

     
La brasserie de Langa                                            Notre guide

Partie envers... A l'origine, le District 6 était un quartier près du centre ville, habité par une population très mélangée, blancs, noirs, métis, asiatiques, et de religions différentes. Au début de l'Apartheid, qui décida la séparation des populations, les maisons du district ont été pratiquement toutes rasées. Chacuns, noirs, blancs, asiatiques, se sont réinstallés séparément. En ville, la grande majorité des habitants est blanche sauf 24 familles, noires, qui ont pu se ré-installer en ville, et la population d'origine cap-malaise, musulmane, qui est restée sur Signal Hill. Personne n'a voulu reconstruire au District 6 car ce qui s'était passé, était trop triste. Depuis,  60%  de la population de Cape Town habite dans les town ship. Au départ, ces quartiers étaient pour loger les travailleurs, mais ensuite, les familles s'y sont installées quand elles ont dû quitter leur maison en ville. A Langa, c'est le nom du Town Ship que nous avons visité, 80% de la population est catholique, et 5% est musulmane. Certains qui ont réussi à trouver un bon travail dans de bonnes entreprises ont pu construire de belles maisons mais ont voulu rester à Langa :

Les enfants des town ship sont très chaleureux : une petite fille m'a accompagnée dans la brasserie que nous avons visitée. La voici :

      



Roben Island.
L'église des Lêpreux


Sur cette île face à la baie de Cape Town, il y a un petit village habité uniquement par les gens qui travaillent au musée de la prison. Il y avait 2 prisons, une pour les criminels, et une pour les prisonniers politiques. Sur l'île, il y avait eu également des lépreux car on ne voulait par que la maladie se répande en ville. 
 
Dans la prison "politique", Nelson Mendela est resté pendant 15 ans. Puis il a passé 10 ans dans une prison à Paarl (dans les winelands). Au début du film "Invictus", qui est à voir, on voit Nelson Mendela revenir à Paarl après être sorti de prison et devenu président. Notre guide était un ancien prisonnier qui était resté à Roben Island pendant 5 ans.
 


Nelson Mandela était dans une cellule individuelle toute petite, il n'y avait rien d'autre qu'un tapis, une couverture, un tabouret et une poubelle. Il ne pouvait parler à personnes excepté quand il était aux travaux forcés, pendant les pauses casse-croûte, où il pouvait discuter un peu de politique avec les autres prisonniers.
Les autres prisonniers en cellule collective pouvaient discuter mais ils étaient sous écoute. Quand ils voulaient parler politique, ils mettaient les couvertures sur les micros !

La plupart du temps, Nelson Mendela cassait des cailloux, mais il y avait un jardin où il a pu cacher des écrits qu'il a publié plus tard.



Dans la prison, il y a une maison dans laquelle était enfermé le premier chef politique qui avait été arrêté lors d'une manifestation contre l'Apartheid. Il était gardé par des chiens. Le boxe des chiens était aussi grand que les cellules individuelles des prisonniers ! Cet homme politique est tombé gravement malade, alors il a été renvoyé dans sa maison, où il est resté sous surveillance jusqu'à la fin de sa vie.

En bref : ...

Reportage : Emma R.
Les photos ont été prises par Emma R.
Cet article a été rédigé avec l'aide de son père.