lundi 25 juillet 2011

Evasion - 5 : Miradoro da Lua

Le Colorado angolais... Ce n'est pas très loin de Luanda, c'est le point de vue où l'on fait une pause rituelle quand nous prenons la route du Sud. Le pays n'est pas vraiment idéal pour les randonneurs, mais cet endroit s'y prêterait bien dans un panorama splendide qui domine l'océan. Mais c'est aussi un site qui ravit les géologues !




Désolé, une fois n'est pas coutume, les photos ne sont pas de moi, mais je les ai récupérées pour me consoler de n'avoir pu faire partie de la virée. Il y a bien d'autres endroits pour satisfaire les géologues. Je ne parle par du diamant, je doute que l'on puisse se promener librement le marteau à la main dans certaines zones convoitées qui regorgent du précieux minéral ! Mais l'histoire du sous-sol angolais offre aux initiés les conditions idéales pour trouver des vestiges du célèbre angolasaurus. On a déjà dégagé le squelette d'un imposant dinosaure herbivore. Il y a également une falaise où l'on trouve des dents de requin et en particulier des impressionnantes dents pré-historiques !

Et pour finir, quelques petits panoramas...

samedi 16 juillet 2011

Evasion - 4 : Okavango


Un conseil, s'échapper régulièrement de Luanda pour changer d'air. Pas facile de le faire à l'intérieur de l'Angola, question de logistique, quoique c'est dans le Sud du pays que nous avons passé nos meilleures vacances. L'autre option, qui demande d'avoir un peut plus de temps devant soi, et d'aller faire un tour dans les pays d'à côté, ça tombe bien, il y a vraiment de coins fantastiques à visiter en Afrique du Sud, en Namibie, en Zambie, au Botswana.

Assez bizarrement, la Namibie est vraiment désertique, sable et cailloux à perte de vue dans le Namib ou le Kalahari. Il suffit de revoir le film "les dieux sont tombés sur la tête" pour s'en convaincre, ou aller faire un séjour chez les Bushmen. L'Angola est lui le pays d'Afrique, qui a pratiquement le plus de ressources en eau douce, et donc plusieurs fleuves qui se déversent à l'Ouest dans l'océan Atlantique : le fleuve Kongo, la Kwanza, rio Longa, rio Seco, Kiquombo, le fleuve Cunene à la frontière Namibienne. Ils se sont frayés un passage jusqu'à la plaine côtière en offrant au passage quelques belles chutes d'eau. Mais il y a des fleuves alimentés par les pluies sur les terres à l'intérieur du pays qui ont choisi de partir au sud, et ils cheminent sur le grand plateau continental africain. Ils ne se jettent donc pas dans l'Atlantique, comme le Cubango, Cuito, Cuambo. Ils irriguent les pays voisins. Et au Botswana, il y a une grande plaine de l'Okavango qui est abondamment alimentée, jusqu'à en faire un immense delta intérieur. Celui-ci ne finit pas à la mer mais inonde la plaine. Une partie s'évapore, une autre pénètre dans le sol. Ce qui reste sépare cette grande zone naturelle en petites îles entre lesquelles on circule en pirogue (mokoro). Un paradis pour les hippos, les crocos, les oiseaux. Le tourisme dans le coin préserve l'environnement. Camping sous la tente, lumière et eau chaude solaires, douche à ciel ouvert, avec l'eau puisée dans la rivière, transport à la force des "gondoliers".

La faune a l'air tranquille. Les ciels étoilés, le rugissement des lions à côté, le grognement des hippos, les nuits sous notre petite tente sont dépaysantes. Les promenades d'îles en îles nous permettent de croiser quelques animaux sympas. Au passage, surprise, une carcasse d'impala à moitié croquée. Quelques crottes et traces fraîches de lion et de léopard. Ce n'est donc pas du chiqué, on se sentirait presque observé en se promenant à pied dans les herbes...

Visite du village d'à côté, avec notre guide. Les cases sont construites selon la tradition avec les matériaux du coin. On a juste incorporé les canettes de soda dans les fondations, une bonne façon de les recycler. Finalement, on préfère ce type de balade plutôt que d'arpenter le parc national de Chobé à bord d'un 4x4 climatisé. Même s'il fait partie des plus impressionnants à l'époque des transhumances des éléphants, buffles, gnous et zèbres. Cette année, ils sont inquiets, étant donné les quantités de pluies qui sont tombées dans le sud de l'Angola et les crues dévastatrices. Ils s'attendent dans quelques semaines à avoir les pieds dans l'eau. Il suffit qu'elle monte de quelques cm et les îles voient leur superficie réduite à peau de chagrin... Ça reste un petit coin de paradis où le tourisme, assez élitiste, contribue au développement sans dénaturer l'environnement.

dimanche 10 juillet 2011

Evasion - 3 : Ronda cultural

Ronda cultural

Petite sortie accompagnée d'un guide qui nous enseigne la petite et la grande histoire du pays. Mulemba, l'arbre à palabre à l'ombre duquel on parlait pour résoudre les conflits. A palavra en portugais signifie le mot. A Cacuaco, le roi d'un des royaumes de la région Nord de cette zone d'Afrique Centrale s'est arrêté et à campé sous cet arbre - une sorte de ficus - avant d'arriver à Luanda. On peut parler de zone, car les royaumes n'épousaient les frontières actuelles entre pays, qui ont été établies lors du traité de Berlin entre puissances coloniales. Cacuaco signifie la main en langue locale, en mémoire du lieu où le roi a posé sa main sur la falaise. Depuis, pas mal de géologues y ont également mis les mains, car l'endroit est une vrai mine de fossiles et dents de requins préhistoriques, énormes.

Memorial de la Bataille de Kifangondo - Un peu plus loin nous visitons un monument dressé en 2004 sur les lieux d'une importante bataille en 1975 entre les différentes factions en lutte pour l'indépendance. L'une était soutenue par Cuba et l'Union Soviétique, l'autre par les États Unis et l'Afrique du Sud. La région était le théâtre d'affrontement de la guerre froide dans une zone très convoitée, car riche et en ressources minières et agricoles. Le pouvoir en place lors de l'accession à l'indépendance en 1975 fut donc socialiste. Des mercenaires américains et anglais ayant soutenu les mouvements vaincus ont été arrêtés, jugés et exécutés pour avoir participé aux combats qui furent très meurtriers dans la population civile. Le premier président de l'Angola indépendant était Agostinho Neto, médecin, marxiste léniniste, qui après 5 ans, cèda la place à José Edouardo Dos Santos, ingénieur ayant étudié en URSS et ayant épousé une femme russe, avec qui il a une fille, Isabelle, qui a un rôle très important à Luanda. Depuis, Dos Santos et le MPLA sont restés au pouvoir, après avoir surmonté 27 ans de guerre civile. Mais l'influence du bloc de l'est a vécu et depuis la chute du mur, le pays est sorti de cette sphère.


Saint Antoine est la plus ancienne église d'Angola (XVII° siècle). Une nouvelle, plus grande, a été construite depuis, à côté. Il faut dire qu'il faut de la place : on prie Saint Antoine pour résoudre les questions familiales et l'on reste sur place tant que le problème n'est pas résolu. Comme ça peut être long, cela explique qu'il y a du monde, il y a des tentes dressées et du linge étendu à sécher sur le gravier de l'esplanade...



Pour terminer la visite, petit tour au marché, visite de la coopérative maraîchère, puis repas dans une petit restau du bord de la route qui monte vers le Nord. Il y du tilapia, petite carpe qui vient des étangs juste derrière.

Parenthèse sur la pêche. Il n'y a pas que les sorties culturelles au programme des week-ends, mais également les sorties pêche. Le reportage de Thalassa sur l'Angola explique que le développement du tourisme dans le pays tient essentiellement à la pêche sportive dans les eaux chaudes de l'Atlantique. C'est vrai, c'est un bon endroit pour les poissons à rostre, comme le marlin ou l'espadon, ou d'autres comme le tarpon, la daurade coriphène. Sur fcb, 3 lodges d'Angola ont une adresse et tous ceux qui y sont passés, la plupart, des sud'af, posent avec leur poisson, leur prise, sur leur photo de profil - perso, ça ne me viendrait pas à l'idée de poser avec mon poisson... - Bilan de la petite sortie au pied des falaises de Barro do Dande, 2 Rouges, délicieux, 2 calangues (pas très bon), 1 barracuda. Le bateau a été accompagné un moment par un ban de dauphins. Pas vu de baleines cette fois, même elles sont déjà là, elles passent le long de la côte, entre juillet et octobre, après accouplement dans les eaux chaudes du golfe de Guinée, avant de rejoindre les eaux froides du courant de Bengela au large de l'Afrique du Sud.

vendredi 8 juillet 2011

Evasion - 2 : Sambizanga


Quitter Luanda, découvrir une autre facette de l'Angola, rien de tel. Pour cela, il faut traverser la ville. Les candongueros, qu'on appelle aussi azul et branco, facile, ils sont bleus et blanc, chahutent leurs passagers sur les routes défoncées. Les visiteurs font la queue pour entrer à la prison nourrir leur détenu, les enfants jouent au foot au bord de l'égout géant à ciel ouvert, un peu partout, le même paysage de décharge et de carcasses. Sambizanga, un des plus grands quartiers de la ville, 750.000 hab. ? c'est là qu'est né le président en août 42. Je ne sais pas comment c'était à l'époque. Nous traversons un immense no man's land. Roque Santeiro était le plus grand marché à ciel ouvert d'Afrique. Il a été totalement rasé. Raison d'hygiène, de sécurité ? trop de bandits peut-être ? Ou spéculation foncière à venir ? C'était surtout un marché de gros où s'approvisionnaient les revendeurs qui arpentent la ville. Maintenant ils doivent aller à Panguila, c'est beaucoup plus loin, plus de 20 km, compter 2 heures car la nouvelle route à 4 voies toujours en travaux. C'est plus dur pour ceux qui font ce commerce de détail. Ils achètent ce qu'ils peuvent mettre sur la tête et arpentent les rues de la ville car il n'y a pas de marché dans le centre. On les appelle les zongueiros, zongueiras pour les femmes. Ils vendent de tout, de la tong à la gazoza (boisson gazeuse) en passant par les recharges de téléphone portable, les journaux, les petits déjeuners sur le trottoir. Les rues sont assez animées. Celles qui vendent le poisson frais appâtent le chaland avec une voie stridente. Celles qui font le change - les quinguilas - (kwanza - dolllar) appellent en faisant le bruit du bisou, en frottant les doigts, symbole universel de l'argent et en appelant "amigo". Dans la rue on croise aussi les gardiens de voiture, les gardiens de maison, les cireurs de chaussure, ceux qui font les ongles des dames, ceux qui louent leur téléphone portable comme téléphone public. Il semblerait qu'il y ait moins de délinquance qu'avant. Il y a quelques années on prenait la navette pour faire 500m sinon on se faisait agresser. Ça fait déjà 2 semaines que j'arpente la ville 35 mn matin et soir et c'est calme. La pauvreté a-t-elle baissé ? J'en doute, j'en vois beaucoup fouiller les poubelles, la pression policière a-t-elle augmenté, sans doute. Aujourd'hui on a l'impression que le danger vient plus de ce qu'on respire, car quand les égouts sont bouchés, ça circule dans le caniveau. Mais une chose est sûre, la vie est encore plus  dure dans les quartiers qu'en centre ville. Puis quand on s'éloigne, la vie semble différente quand on commence à voir les jardin, et les forêts de baobabs (imbondeiro).