samedi 5 février 2011

Chez les Himbas

                                 

http://blog.mondediplo.net/2011-02-11-L-Afrique-en-manque-d-infrastructures

Il n'y a pas ques les grands espaces et réserves animalières à découvrir dans le Damaraland. Dans cette région habitent des tribus des certaines ethnies minoritaires qui ont conservé leur mode de vie traditionnel. Visiter ce village permet de rencontrer ceux qui dans les statistiques font partie des 60 % du monde rural africain, 80% qui n'ont pas accès à l'électricité, 97% qui n'ont pas accès à l'eau potable parmi ce milliard d'habitants vivant en Afrique (voir le lien ci dessus vers un article du Monde Diplomatique). Ils sont loin du luxe des lodges 3 ou 4 étoiles, des "game reserves". Il paraîtrait qu'ils ne seraient pas trop soutenus par l'état. Sans doute leurs habitudes d'éleveurs cueilleurs, et leur possession de terres non exploitées pour le tourisme ou l'agriculture n'emballent pas les autorités (Erratum ! au début j'avais écrit "chasseurs cueilleurs" mais on m'a dit que c'était une erreur. Ce sont les bushmen, ou San qui sont chasseurs cueilleurs...avec les excuses de la rédaction).

Des associations tentent de leur venir en aide en organisant la visite des villages par les touristes, en gérant collectivement le produit de la vente de l'artisanat des femmes et du travail dans les fermes des hommes. Le lodge à côté leur propose de la viande qu'ils font sécher pour en faire du biltong, il tient la caisse communautaire, pour fournir par exemple des médicaments, et paie un enseignant qui vient faire l'école dans le village. Eviter que l'argent gagné soit immédiatement converti en alcool, apparemment un fléau apporté par la "civilisation".

Les femmes et les enfants vivent au village pendant que les hommes gardent le bétail. Leur tenue traditionnelle est assez sophistiquée, le corps totalement enduit d'une pomade faite de graisse et de poudre rouge, les cheveux tressés et complétés de rajouts fixés par de l'argile rouge. les bras, cous et chevilles sont couverts de bijoux artisanaux faits de cuivre ou de laiton. La matière première vient des câbles électriques... Elles ont une allure très élégante, les bijoux ne sont pas évidents à porter car également recouverts d'argile rouge. Elles ne se lavent jamais avec de l'eau, mais ont une bonne connaissance des vertus médicinales des plantes pour confectionner leurs crêmes et leurs fumigations. Certaines graines d'arbre sentent très bon et sont antiseptiques.

Les cases sont de simples abris de branchages et de terre séchées, qui sont reconstruites régulièrement quand les plus vieilles s'éffondrent. A l'intérieur, rien qu'un sol en terre battue. Pas de natte, pas de meuble, pas d'objet. Total dénuement mais une certaine harmonie, une vie dure, moins misérable que dans les bidonvilles, une tradition bien vivante, au sein d'une éthnie coupée en deux : on trouve dans le Sud de l'Angola la même éthnie, appelée muhimba ou mumuila, qui conserve exactement le même mode de vie, et qui co-habite avec le "monde moderne". Ca n'a pas toujours été le cas, il y a eu des conflits avec d'autres ethnies, et sans doute les flèches empoisonnées n'ont pas servi que pour le gibier. D'autres ethnies comme les Héréro ont fait le choix de coopérer avec les colons, et adopter certaines de leurs habitudes, comme par exemple les robes des femmes, à la coupe très germanique, col rond, manches longues, et multiples jupons, mais dans des tissus colorés, turban dans les cheveux assorti.

Alors recontre des Himba, mythe du Bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau ? Vie choisie, vie subie ? Une chose est sure, la visite est impressionante.