dimanche 26 juin 2011

Habitat à Luanda



Place Kinaxixi (prononcer Quinachich'); "Breve aqui" comprenez, "ici, sous peu..." un super centre commercial entouré de nouvelles tours de verre. Aujourd'hui commence à sortir de l'immense fosse les première fondations. Il faudra un peu de patience avant l'inauguration du centre. On dit que ce sont les travaux qui ont causé la fissuration de l'immeuble CUCA. On l'appelait ainsi à cause de son immense enseigne jaune sur le toit, à la gloire de la célèbre marque de bière française qui inonde Luanda. Cet immeuble bleu était pas mal, bien situé, mais les habitants ont dû en être évacués en catastrophe, et relogés bien loin du centre. tous les jours, j'observe fasciné le manège des pelleteuses et bulldozers qui ont été gruttés sur le toit et qui grignotent maintenant le bâtiment étage par étage. C'est impressionnant, 4 ou 5 étages sont déjà partis en gravats. Voyez plutôt :





Toujours place Kinaxixi, il y avait aussi ce célèbre immeuble inachevé, instable sur ces petites fondations qui tremblent sur le sous-sol marécageux de la place. C'était impressionnant de voir les enfants jouer sur les balcons sans rebord, à 40 m de haut ! Il a été évacué à Noël dernier, peut-être subira-t-il le même sort que l'immeuble Cuca. C'est vrai que ça ferait un peu verrue à côté du nouveau centre moderne.



Aujourd'hui, la ville dévoile partout de nouveaux bâtiments splendides, dès que les bâches des échafaudages sont enlevées. Il y en a donc, des Luandais assez fortunés pour sortir les millions de dollars que coûtent ces appart, qui classent la ville à la tête des villes les plus chères du Monde, les tarifs rivalisant avec Tokyo et Moscou...



Mais en ville, il y a encore quelques villas avec un certain charme, leur tuiles rondes, leur façade arrondie, leur œil de beuf garni d'azuleijos. Il y en a avenida Lenine, mais aussi à Miramar.

 

Mais il y a beaucoup d'immeubles qui ressemblent à ça, avec des façades de béton aux peintures plus ou moins fraîches. A l'intérieur, les appartements sont pas mal, vu le tarif des loyers (compter 2500 USD pour un T2, 250.000 USD à l'achat pour un T1 à rénover). Ce qui est étonnant, c'est que chaque appartement a son propre groupe électrogène de secours, en bas dans la cour, ce qui explique que les façades sont garnies de guirlandes de fils électriques. Chacun a également sa réserve d'eau de 1000 l. et sa pompe. Il faut bien cela vu la très faible fiabilité du service des eaux et de l'électricité. Au pied de ces immeubles, il y en a qui sont beaucoup plus mal lotis : il squattent sous nos fenêtres sur le toit des garages.




Mais en fait, la grande majorité des Luandais vit dans les quartiers, les musseques, qui sont constitués de maisons plus ou moins modestes, allant de la maison peinte dans sa parcelle entourée d'un mur, avec un portail, à une simple cahute de parpaing au toit de tôle. Les rues en terre sont plus ou moins défoncées. Les services publics totalement absents. En plus du courant et de l'eau qui font défaut, c'est surtout l'absence d'égouts et de poubelles qui pose problème. Pas étonnant que le palu et la typhoïde sévissent autant, sans compter le choléra, qui baisse pourtant au fur et à mesure que l'accès à l'eau de ville progresse. Une belle occasion s'est présentée d'arpenter ces quartiers : on recherchait des volontaires pour la grande campagne de vaccination contre la polio. Cette maladie qui avait totalement disparue est revenue, une autre souche importée avec l'arrivée de main d’œuvre étrangère. Résultat, une opération géante a été entreprise pour revacciner tous les enfants par voie buccale. Il en fallait une armée de volontaires pour d'abord prévenir et expliquer, puis pour administrer le vaccin. Ces vaccinatrices ont eu le plaisir de pousser un peu les portes des maisons et se faire très bien accueillir par les mamans soucieuses de la santé de leur enfant et heureuse de voir enfin un signe que l'on s'inquiète de leur sort.


Grande question, finalement que préfèreront les habitants de ce quartier ? Repartir en province, les régions qu'ils ont quittérs il y a 25 ans, à cause de la guerre ? Difficile de croire que les retours vers les provinces seront massifs, quand 70% de la richesse du pays est investie sur Luanda, il n'est donc pas facile de trouver un emploi en dehors de la capitale. Préféreront-ils rester, alors qu'il y a une pression pour détruire les quartiers populaires et les remplacer par des logements de standing ? La vie n'y est d'ailleurs pas facile car une grande violence y règne, là où trop d'armes circulent et où la police ne va pas. Autre alternative, la nova cidade de Kilamba Kiaxi. 200.000 logements sont en cour de construction à l'arrache par les entreprises chinoises qui ont récupéré les marchés juteux grâce aux immenses crédits chinois "Pétrole contre reconstruction". Plusieurs dizaines de milliards de dollars de production pétrolière à venir ont été hypothéquées sous forme de crédit. La Chine apporte l'argent, mais aussi les entreprises, la main d’œuvre, les matériaux pour construire ça, ce qui ressemble étrangement à nos banlieues d'après-guerre. Et que dire de la qualité de construction alors qu'aucun contrôle n'est réalisé. Qu'est-ce que ça donnera dans quelques années quand 200.000 personnes viendront s'y entasser ? Y trouveront-elles d'ailleurs les conditions pour y vivre ou devront-elles de toute façon s'entasser 2 heures dans les taxis pour aller travailler en ville ? Affaire à suivre...



Pour être complet, il faudrait également mentionner les nouveaux quartiers de Talatone, Luanda sul, autour de Belasshopping, il y a des "condominiums" clôturés, gardés, remplis de grandes maisons chics, climatisées. Ça continue de se construire, et en même temps, une certaine population a reflué, car la crise est aussi passée par Luanda, et certains projets de construction se sont mis en stand-by, faute de paiement. Les expatriés des entreprises concernées sont donc repartis. Le prix des ces habitations a donc sérieusement baissé. Je n'ai malheureusement pas de photos à proposer pour illustrer cet aspect de la ville. Désolé.

lundi 13 juin 2011

Bilan de la semaine



Les 3 concerts de la chorale se sont bien passés. Et pendant ce temps...

Le week-end dernier, un jeune couple rentrant de la plage de Cabo Ledo est tué dimanche sur la route, percuté par un pick-up doublant un camion dans un virage face à eux. Le troisième passager grièvement blessé est à l'hôpital. Tout le monde est atterré, personne n'est surpris, c'est tellement fréquent de voir des cartons, et de voir des malades rouler n'importe comment, ou bourrés. Ils n'allaient pas tarder à se marier.

Quelques jours plus tard, une coupure de courant vers 20:00, un jeune braque une dame, qui se débat. Le gars tire, blesse la femme, et la balle perdue abat un jeune de 21 ans qui passait par là. L'enterrement est demain. Trop d'armes en circulation, trop d'agressions, trop de zones de non droit. Insécurité, misère, inégalités, violence.

La voisine et son petit de 3 ans ont le palu.

C'est la semaine du développement durable aussi, sur le thème de l'eau. L'or bleu coule en Angola, le pays le plus doté en eau en Afrique. 7 % de la population seulement a de l'eau de ville au robinet à la maison, à peine un gros million... Et les soeurs de Viana qui tiennent une grande école et un grand dispensaire ont l'eau courante depuis peu, et grâce surtout à une entreprise pétrolière qui s'en est occupé. Avant, on se débrouillait avec des camions citernes et des bidons.

En ville, le réseau est une vraie passoire, et tous les 3 mois, la rue se transforme en rivière, puis on creuse des cratères pour colmater les brèches dans les réseaux pourris. Bref, même ceux qui ont la chance d'être raccordés au réseau, sont habitués aux coupures de quelques jours par-ci par là.

Tout le week-end, le groupes électrogènes ont tourné en ville, pour ceux qui en ont. Les autres ont ressortis les bougies, et s'arment de patience. Le groupe du distributeur d'électricité national est en bout de course.

Sur Ilha, 3 rotationnels rentrent du restau à pied, en ordre dispersé, l'un se fait agresser, se débat, s'échappe. Un autre est secoué, y laisse sa montre, son téléphone et ses dollars. Un autre se fait tabasser à coup de tessons de bouteille, bien amoché, un dizaine de gamins sortent du musseque pour s'en mêler.

Et pendant ce temps, le pont pour Ilha a été inauguré, avec un échangeur impressionnant fini en temps record; les chantiers ont repris et les tours poussent façon Dubaï, et ça continue de travailler sur la Marginal, ça ressemblera bientôt à Copacabana.

Ca se passe comme ça.

samedi 4 juin 2011

Le concert de l'année - bis



Après le Messie de Haendel, c'est à KPP de tenir le haut de l'affiche. Hendrix, Pink Floyd, AC/DC et les autres, ça va être chaud !