dimanche 15 avril 2012

Du changement dans l'air - 4


Waku Kungo



Dia da Paz, 4 avril, férié pour célébrer le 10° anniversaire de la fin de la guerre, suivi du week-end de Pâques, il ne fallait pas laisser passer l'occasion d'aller explorer les provinces angolaises. En 3 ans, on s'étonne de voir les pistes transformées en routes goudronnées. On appelle un hôtel pour réserver, on reçoit un SMS avec la confirmation et le numéro de réservation. Inutile de confirmer 3 fois. Et on décide de laisser les tentes à la maison !

L'intérieur du pays est moins aride que la côte océane, plus en altitude, vallonnée, plus verte, plus arrosée. Les routes ne sont moins fréquentées. L'église de Quibala, encore sérieusement décrépie il y a 2 ans a été entièrement rénovée à grands frais, peinture fraiche, marbre et céramique. Il reste néanmoins quelques bâtiments effondrés par les bombardements qui n'ont pas été encore débarrassés.

Plus loin, la route est bordée de petites maisons repeintes, équipées de cheminées. La moitié date de l'époque coloniale, 1960, l'autre moitié a été bâtie dans les années 2003 à 2006, mais à l'identique des précédentes. Aldeia nova, projet soutenu par les israéliens. Aldéia 4, 5, 6, 7, ...15, bordes les espaces replantés des fazendas - haricots, maïs, pomme de terre, arachide, ananas, élevage de vaches et chèvres, vergers. Les riches angolais investissent dans leur pays, et les nouvelles routes permettent maintenant l'évacuation des produits des cultures.

En dehors des zones cultivées et des chemins balisés, de grandes croix rouges sur les pierres. Pas de doute, le déminage ne sera jamais terminé, et les mouvements du terrain au fil des saisons des pluies menacent même de renvoyer vers les zones déminées certaines mines en limites qui seraient passées au travers des démineurs. Les chemins sont sûrs j'espère, mais ils sont toujours jonchés de douilles, d'éclats de mines et d'obus. 10 ans finalement c'est court pour effacer toutes les traces.

Quel plaisir de se promener dans ces petites villes de province où les rues sont propres, la circulation tranquille, les gens avenants, les arbres en fleurs. Décidément, il ne faut pas limiter l'Angola à l'image que renvoie Luanda. Partout sur l'horizon surgissent du sol d'immense blocs de granit, créant des paysages magnifiques. De nombreuses rivières ont tracé leur lit au milieu. Elles sont remplies de crocodiles et d'hippopotames. Pourtant cette viande se mange paraît-il, mais leur chasse est réglementée, et on écoule pas facilement 2,5 t de viande au marché informel. Ces immenses pleines seraient encore plus belles si elles avaient conservé leurs impalas, zèbres, gnous, palancas negras, lions, léopards et éléphants. Dans les années 70, c'était un véritable jardin d'Eden, mais maintenant, seuls hippos et crocos ont résisté. Le reste a servi de nourriture pendant guerre, ou a sauté sur les mines. Dans le pays, il y a 5 ou 6 parcs nationaux où sont réintroduites certaines espèces. L'accroissement de la faune se fait également naturellement, pas de frontière pour les animaux qui viennent de Namibie ou de Zambie pour trouver des terres plus tranquilles et plus vertes. Ceci dit, le braconnage et la chasse mondaine ne facilitent pas le ré-équilibrage de la faune sauvage. Ok ce n'est peut-être pas une priorité, mais avec les nouvelles routes, les nouveaux hôtels, le potentiel naturel du pays pourrait booster l'économie du tourisme. Reste à attirer les touristes. Il y a certes les chutes d'eaux, les piscines naturelles d'eaux chaudes jaillissant d'un ancien volcan, mais une girafe par-ci par-là ça complèterait bien le décor.

Enfin les paysages qu'on préfère se trouvent sur la route entre Conde et Conda, dépassez Gabela en direction des Cachoeiras (chutes), cette jolie route qui traverse les plantations de café. Tournez à gauche en direction de Conda. Les fameux 6 ponts qui enjambent le rio Keve seront bientôt remplacés par un pont tout neuf, et la piste sera sans dout bientôt goudronnée. Ca enlèvera sans doute un peu de charme aux panoramas aux couleurs très contrastées, faits de collines vertes, au granit sombre, comme le ciel, et à la latérite rouge. Dommage qu'il n'y avait plus de place dans la fazenda de Tony. Il avait l'air tellement accueillant au téléphone. Mais il vaut mieux réserver 3 semaines à l'avance. Ca sera pour la prochaine fois, mais quand ?

2 commentaires:

  1. Merci pour ce petit reportage sur une autre facette de ce pays qu'est l'Angola et que je ne verrais certainement jamais (il y a tellement à voir...)

    RépondreSupprimer
  2. Merci de ces nouvelles découvertes qui permettront de faire découvrir davantage ce pays et peut-être à organiser du tourisme dans le respect de cette magnifique nature!A quand la suite de vos reportages?Bp Bm

    RépondreSupprimer